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La précrastination : Bonne ou Mauvaise habitude ?

    Avez-vous déjà entendu parler de la précrastination ?

    Non, vous avez bien lu, ce n’est pas une erreur. La précrastination existe. La procrastination aussi, mais tout le monde connaît ce « défaut » très popularisé de nos jours. Dans ce 96e épisode du podcast « Et si on avançait ? » , j’aborde avec vous l’opposé de la procrastination : la précrastination. Si vous ne connaissez pas ce concept, cela risque de vous intéresser.

    Peut-être même que vous êtes un précrastinateur ou une précrastinatrice – ce mot est dur à dire en fait – qui s’ignore ?

    Même si le terme est peu connu, ce trouble touche beaucoup de personnes, aussi bien dans le monde du salariat que de l’entrepreneuriat.

    Définition de la précrastination

    Preuves à l’appui

    Vous avez sûrement déjà entendu parler de procrastination – même si ce mot est très étrange. J’en parle souvent dans ce podcast.

    Aujourd’hui, le terme s’est démocratisé. La précrastination est aussi un syndrome lié à l’organisation, mais beaucoup moins connu.

    Pour information, le verbe crastiner signifie « différer quelque chose ». La procrastination, c’est donc le fait de tout le temps remettre à plus tard.

    La précrastination est exactement le contraire. C’est le fait de toujours s’empresser de faire les choses, dès qu’elles se présentent à vous, sans attendre. L’intérêt est de se débarrasser au plus vite des tâches à faire, sans aucune réflexion derrière.

    Une étude assez récente a permis de mettre en évidence la précrastination. Elle a été publiée sur le site Psychological science, spécialisé dans les recherches scientifiques universitaires. Lors de cette expérience, les chercheurs ont demandé à des étudiants de transporter un seau d’eau jusqu’à la ligne d’arrivée. Jusque-là, tout va bien. Dans l’allée, il y a deux seaux d’eau au choix :

    • un premier seau d’eau proche de l’étudiant, mais du coup plus loin de la ligne d’arrivée ;
    • à l’inverse, le second seau d’eau est plus loin de l’étudiant, mais du coup plus proche de la ligne d’arrivée.

    En termes de stratégie, je ne sais pas quel choix vous auriez fait face à cette situation. Mais l’idéal aurait été de prendre le dernier sceau, le plus proche de la ligne d’arrivée, afin de ne pas perdre trop d’énergie en portant un seau d’eau du début à la fin du trajet. Figurez-vous que beaucoup d’étudiants ont opté pour le seau qui était le plus proche d’eux.

    Pourquoi ?

    Dans leur inconscient, ils préféraient se débarrasser de la tâche le plus vite possible. Comme la consigne était de transporter un seau d’un point A à un point B, les étudiants ont considéré que le premier seau était le bon. Ils se sont dit : « Il faut que je me débarrasse de cette corvée au plus vite. Je ne peux pas le laisser sur le chemin. Je vais le prendre et l’emmener jusqu’au bout. » . Grâce à la subtilité de l’expérience, les chercheurs ont conclu qu’il y avait une charge mentale qui se créait lorsqu’une consigne ou une tâche était à faire.

    Finalement, la précrastination se définit par une tendance à faire tout de suite ce qui pourrait avantageusement être repoussé à plus tard. Par exemple, le fait de prendre l’autre seau était un avantage stratégique certain quant à l’effort fourni et à la rapidité de déplacement.

    D’autres exemples de précrastination

    Pour vous donner un autre exemple de précrastination, j’ai eu une stagiaire qui fonctionnait sur ce mode. Dès que je lui confiais une mission, elle voulait absolument la terminer le jour-même. Ainsi, lorsque je faisais un point avec elle, elle notait tout ce qu’elle avait à faire. Elle mettait alors de côté toutes les autres tâches, même prioritaires, pour pouvoir s’en occuper tout de suite. Vous pourriez croire que c’est une attitude productive, mais en réalité pas du tout. Parce qu’au final, elle ne savait pas gérer ses priorités, et se retrouvait souvent débordée.

    Être conscient de l’impact de la précrastination sur votre emploi du temps est un avantage formidable. Cela permet de mettre en évidence une subtilité dont vous ne vous rendez peut-être pas compte lorsque vous gérez vos tâches.

    Pour certaines personnes – et peut-être en faites-vous partie – une to-do list est une charge mentale. Cet outil permet de se vider la tête, mais il peut également être une source d’angoisse. Pourquoi ? Parce que pour ces personnes, la to-do list est une injonction, une obligation, une pression pour leur bien-être. Cela veut dire que tant qu’une tâche n’est pas barrée, elles ne sont ni satisfaites ni sereines. Du coup, elles ont une charge mentale incroyable.

    6 écueils de la précrastination

    Au premier abord, la précrastination semble être une habitude assez positive. C’est un mode de fonctionnement qui pourrait être glorifié. Le précrastinateur est productif, car il exécute dans l’instant. Ce n’est pas un fainéant car ce n’est quelqu’un qui procrastine. Pour que vous puissiez vous rendre compte des enjeux de ce système de fonctionnement, voici 6 conséquences négatives de la précrastination :

    1. L’absence d’arbitrage des priorités : c’est-à-dire que pour quelqu’un qui précrastine, tout est important. Dès qu’il a une information, celle-ci est considérée comme essentielle, et à réaliser immédiatement. C’est hyper contraignant de penser tout le temps que tout est vital. C’est juste ingérable.
    2. Le stress et le surmenage : forcément, si tout est important alors tout est urgent. Cette sensation d’urgence permanente doit être épuisante. Le précrastinateur va se démener pour faire les choses à n’importe quel prix. Il va se mettre dans des états pas possibles pour pouvoir rayer des tâches et ainsi se sentir productif. C’est évidemment une attitude assez négative.
    3. L’insatisfaction : ne pas réussir à tout faire va provoquer chez le précrastinateur de la frustration. Or, vous le savez comme moi, il est impossible de tout faire. Un précrastinateur en puissance est tout le temps en boucle dans sa tête. Il se met une pression folle, car il a l’impression de ne pas avancer. L’insatisfaction vient du fait qu’il ne raye pas toutes les tâches de sa to-do list. Alors que vous-même, vous savez : ce n’est pas du tout le but de la to-do list.
    4. L’absence de la notion d’efficacité : la précrastination entraîne une perte d’efficacité. Pourquoi ? Parce que précrastiner signifie : information puis exécution. Il n’y a aucune réflexion, aucun arbitrage de priorités, aucune recherche de résultats concrets. L’essentiel pour le précrastinateur est que les choses soient faites ce qui provoque une satisfaction immédiate. Mais finalement, est-ce que cette tâche doit être faite aujourd’hui ? Ou même, est-ce qu’elle doit être faite tout court ? Peut-être peut-elle être éliminée ? Ces questions-là, le précrastinateur ne se les pose pas. Il voit les choses à court terme : toutes les tâches doivent être terminées. Pour lui, être heureux, c’est ne pas avoir de to-do list à faire.
    5. Le multitasking : qui dit précrastination dit multitâches. Cette technique tue l’efficacité ainsi que la productivité. Typiquement, la précrastination et le multitasking sont étroitement liés . Par exemple, vous êtes en train de démarrer une tâche, vous recevez un mail où l’on vous demande quelque chose. En tant que précrastinateur, vous arrêtez tout pour répondre immédiatement à ce mail. C’est comme ça que le multitasking s’empare de vous. Si vous voulez vous débarrasser de cette mauvaise habitude, écoutez cet épisode du podcast « Et si on avançait ? » .
    6. Le cercle vicieux est ****le dernier aspect que je trouvais important d’évoquer. Quelqu’un qui précrastine sera souvent vu comme une personne bosseuse et productive. Contrairement à la procrastination qui est perçue de manière négative. Alors qu’en réalité, les points précédents montrent bien que la précrastination peut avoir des conséquences assez négatives. Ainsi, on demande souvent des services au précrastinateur parce qu’il dit tout le temps oui, et qu’il le fait tout de suite. Les proches en abusent beaucoup. L’essence même de son efficacité est proportionnelle à la réalisation de tâches. Il va devenir une machine à exécuter les tâches. D’où le cercle vicieux. Le précrastinateur a l’impression d’être efficace. En fait, il ne l’est pas, car pour être efficace, il faut penser aux résultats.

    4 solutions pour lutter contre cette habitude

    La précrastination est variable d’une personne à l’autre. Certains sont en mode intensif, et d’autres précrastinent occasionnellement. Si vous constatez que la précrastination devient une habitude à plus ou moins grande dose, voici quelques pistes pour vous aider :

    • Analysez votre rapport aux tâches : cette observation met en évidence l’impact de la charge mentale sur votre état d’esprit. Lorsque je stocke une tâche, que ce soit de façon digitale ou manuscrite, elle n’a pas de charge mentale pour moi. Ce n’est pas une injonction. Je sais juste que j’ai quelque chose à faire. Mais il n’y a pas de souci si je dois la reprogrammer, la déplacer, la supprimer, etc. Il est très important de travailler votre relation aux tâches. Admettez que vous ne pouvez pas tout faire.
    • Revoir votre système d’organisation pour apprendre à arbitrer les tâches. Dans votre système d’organisation, vous devez définir vos objectifs, gérer les priorités, planifier vos tâches, etc. Vous pouvez utiliser la matrice d’Eisenhower pour vous aider à prioriser tout cela. Cette démarche va vous éviter d’être complètement dans l’exécution. Votre système d’organisation doit vous permettre de trier vos tâches de manière sereine.
    • Accepter de ne pas tout faire. Cette idée est à coupler avec la première solution. Il faut vraiment intégrer cette notion qu’être actif ne veut pas dire être efficace. Lorsque vous recherchez l’efficacité, vous vous attendez à avoir des résultats, ce qui n’est pas le cas quand vous ne faites qu’exécuter. Acceptez de ne pas tout faire. Et ne prenez pas tout pour une injonction immédiate. Peut-être faut-il réfléchir un instant avant d’agir, non ?
    • Continuer à précrastiner. Mais faites-le uniquement pour les tâches qui vous prennent moins de 2 minutes. Si une tâche peut être faite rapidement, je vous encourage à ne pas la procrastiner. Mais n’interrompez pas pour autant vos tâches à grande valeur ajoutée pour gérer ces petits trucs. Voici un tip très utile. Calez-vous de petits blocs de temps dans la journée pour faire toutes ces micros tâches. Bloquez un moment dans votre agenda et batchez ces petites sessions de précrastination. Vous cocherez plusieurs tâches de votre to-do list en peu de temps, ce qui devrait pleinement satisfaire votre côté précrastinateur.

    Pour résumer, la précrastination n’a pas que de bons côtés :

    • l’absence d’arbitrage : tout est important ;
    • le stress et le surmenage : tout est urgent ;
    • l’insatisfaction parce qu’il faut tout faire ;
    • l’absence de notion d’efficacité parce qu’il n’a pas de réflexion avant d’agir ;
    • le multitasking : tout faire tout de suite ;
    • le cercle vicieux.

    La procrastination a aussi des bénéfices parce qu’elle permet d’arbitrer le temps.

    Tout le monde procrastine aujourd’hui. Quelqu’un qui dit ne pas procrastiner du tout est suspect. À partir du moment où vous planifiez plus tard quelque chose que vous pourriez faire aujourd’hui, alors, techniquement, vous procrastiner. Et c’est totalement ok. La procrastination négative est celle où vous savez que vous devez faire cette tâche aujourd’hui, mais que vous la reportez par peur ou pour toute autre raison.

    Vous comprenez la subtilité ? La procrastination positive, c’est lorsque vous vous permettez de ne pas faire quelque chose aujourd’hui, parce que stratégiquement, il est plus intéressant de le remettre à plus tard. Maintenant, je suis sûre que vous voyez que la procrastination a également ses avantages.

    Quels enseignements tirez-vous de la précrastination versus la procrastination ?

    Grâce à une bonne gestion de votre temps, il est totalement possible d’avancer sur vos projets et vos objectifs en étant réellement efficace.

    Pour optimiser votre temps, je vous recommande d’arbitrer entre précrastination et procrastination. L’une des façons de précrastiner efficacement est de vous fixer dans la journée de courtes cessions de temps pour batcher vos petites tâches de moins de 2 minutes.

    Ainsi, vous précrastinez efficacement. Prenez également l’habitude de planifier certaines tâches pour plus tard, ou même de les éliminer. Enfin, fuyez cette habitude de vouloir absolument tout faire tout de suite !

    Bien sûr, la précrastination n’est pas forcément quelque chose de facile à gérer. N’hésitez pas à faire un vrai travail dessus si vous en avez pris conscience. Je vous encourage en tout cas, à mettre déjà en pratique les solutions que je vous ai proposées.

    Dites-moi si vous connaissiez déjà ce terme, si vous pensez « souffrir » de précrastination, les réflexions que cela a amené, etc.

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